Paix. est un petit objet photographique et littéraire. Il se présente sous une forme évoquant la carte topographique. Je m’approche de la cartographie radicale, mais je m’arrête à sa première étape critique. Il m’apparait important d’y siéger un temps.

Mes photographies misent une nouvelle fois sur l’impact d’une monomanie graphique. Géométrie et formes semblent vouloir parler ; me parlent. Qu’a à dire un espace urbain jalonné de caméras de vidéosurveillance ? Je manipule les échelles, réduis par étape la taille des photographies. Les caméras ne se distinguent plus, leur intégration dans le décor est complétée, assimilées dans le corps des formes abstraites ; délimitation, frontière, mur, mirador : même combat.

Lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024, le déploiement de personnels et d’instruments dits sécuritaires fut conséquent. Les engagements financiers, l’entre-soi des industriels, des lobbys, de la Défense et des politiciens.nes de la croissance semblent avoir manifesté une préparation pour un champs de guerre (avec son lot d’expulsion des plus précaires habitantes et habitants des futurs espaces dédiés aux compétitions). C’est en fait systématiquement le cas avec les JOP. Les grands événements sont des accélérateurs. Le chercheur Jules Boykoff parle d’un capitalisme de la célébration, par ailleurs, ici, déployé dans un contexte d’exigence dit sécuritaire. Jules Boykoff souligne que « le capitalisme de la célébration soutient l’industrie de la sécurité et les unités de police d’État chargées de prévenir le terrorisme, d’endiguer la dissidence politique et de préserver le spectacle ». Tous les œufs sont dans le même panier.

Si nous sommes si gracieux au déploiement d’un tel arsenal, si nous sommes si adroit à le déployer sans discussion, si nous sommes coutumier à minorer les impacts, artiste de l’invisibilisation, producteur de consentement, médiateur d’impuissance, qu’est-ce que cela raconte finalement ?
Dans quel monde vivons-nous ? J’ai besoin qu’on le nomme.

La sociologue de la répression Vanessa Codaccioni le souligne : « le sujet vigilant est avant tout et surtout un sujet obéissant » (Codaccioni, 2021). Je me focalise sur les maisons individuelles afin de porter l’attention sur nos penchants à n’avoir comme réflexes et pensées qu’un outillage policier. 
Cette réalité m’effraie au point de n’y trouver que l’absurde pour y réfléchir. C’est le rôle que je donne au texte, dont l’écriture manuscrite entremêle fond et forme afin de faire parler l’espace que nous habitons.

La vision satellite et le point de vue intime discutent, quels en sont les termes ?

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Paix. est une œuvre recto-verso, double face, face et pile, oui et non, oui mais oui, non mais oui, oui, mais non. Je la souhaite questionner nos mots, chatouiller les dissonances, gratter au creux des évidences.